Entre l’automne 2006 et l’été 2007 se tiendront dans de différents pays une série de conférences pour le Dialogue des peuples et des cultures, à l’instar de l’Alliance de Civilisations proposée aux Nations Unies par Rodríguez Zapatero.
Les sujets des débats et des ateliers culturels seront: Fractures culturelles; Mémoires; Histoire et préservation des patrimoines; Images et écrits; Faits religieux et sociétés, Modernisation sociale et éducation; Valeurs partagées, valeurs communes.
Cette série de conférences commence entre le 13 et le 15 septembre à Paris, où se dérouleront divers ateliers.
La Conférence de Paris sera ouverte par M. Jacques Chirac, Président de la République (au Palais de l’Elysée).
Personnalités invitées : M. José Luis Zapatero, premier ministre espagnol, M. Romano Prodi, président du Conseil italien, M. Abdullah Gül, ministre des Affaires étrangères de Turquie, Mme Terja Halonen, présidente de la République de Finlande (Présidence européenne), Son Altesse Cheikha Moza Al Misnad, présidente de la Fondation du Qatar, Mme Moubarak, présidente de la Bibliotheca Alexandrina, Son Altesse le Prince Ghazi de Jordanie, Son Altesse Royale Lalla Salma, épouse du Roi du Maroc.
La conférence de Paris est organisée par le ministère des Affaires étrangères, en partenariat avec la plate-forme non-gouvernementale euro-méditerranéenne et le soutien de la fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh pour le Dialogue entre les cultures.
Le projet de l’atelier culturel
La crise engendrée par la publication des caricatures de Mahomet a permis de percevoir la profondeur de l’incompréhension et du ressentiment du Monde arabo-musulman à l’égard du Monde occidental et, notamment, de l’Europe, un phénomène qui peut ressurgir à tout moment. Un dialogue interculturel est devenu indispensable pour répondre aux interrogations identitaires au Nord comme au Sud.
Existe-t-il une entité méditerranéenne ? Cette question est légitime, tant la Méditerranée est marquée par la diversité de ses racines historiques, sociétales, religieuses. Le religieux, la mémoire, le social, les images, séparent les deux rives. Il existe des aires culturelles différentes, même si elles s’interpénètrent.
Pour éviter la « discorde » et le conflit, il faut travailler au rapprochement de ces aires afin de passer du « face à face » au « côte à côte ». Le dialogue des peuples et des cultures est devenu un enjeu central pour prendre conscience d’un destin partagé à partir des mémoires, des identités, des dérives radicales, des migrations installées.
Il faut agir pour qu’entre les peuples et les sociétés civiles, le risque du développement des malentendus, des préjugés et des peurs, soit combattu. Il faut donner davantage la parole aux historiens, aux éducateurs, aux chercheurs, aux nouveaux penseurs « des deux rives ». Avec le soutien des médias, des chaînes par satellite et de l’Internet, ils sauront combattre les stéréotypes et les amalgames.
La France a toujours accordé une importance prioritaire à la dimension culturelle du dialogue et de la coopération. La « pensée des deux rives », selon la formule de Jacques Berque, qui implique la nécessité d’agir pour éviter la coupure culturelle entre l’Orient et l’Occident et de travailler au rapprochement des divers mondes méditerranéens, a été de nouveau exprimée par le président de la République française, dans son discours de Barcelone du 28 novembre 2005 :
« Je préconise le renforcement de la concertation avec la société civile, notamment les entreprises et les ONG. La France souhaite que nous allions plus loin dans notre dialogue culturel et invite les partenaires à participer, en 2006, à un « Atelier culturel méditerranéen » qui rassemblera créateurs, penseurs et décideurs de nos pays ».
Cette initiative s’organise en étroite collaboration et de concert avec l’Espagne, dans la logique de l’impulsion donnée par M. Zapatero à « l’Alliance des civilisations », et avec l’appui de l’Egypte.
Processus de Barcelone
Depuis 1995, l’Europe a mis en place un lien privilégié avec le monde méditerranéen, par le biais du Processus de Barcelone. Au lendemain du 11 septembre, la nécessité du dialogue entre les cultures entre l’« Ouest » et le « Monde islamique » a ressurgi, confirmant la pertinence de l’analyse Euromed et incitant les partenaires du Processus à intensifier leur action dans le domaine de la culture et des sociétés.
La conférence ministérielle du Processus de Barcelone de Valence d’avril 2002 a permis l’émergence, sur la base des travaux d’un « groupe de sages » mobilisé à l’initiative du président de la Commission, Romano Prodi, de la fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh pour le Dialogue entre les cultures, Alexandrie.
La philosophie du projet de l’Atelier culturel -qui ne prétend pas lancer un nouveau processus diplomatique- s’inspire du 3ème volet de la Déclaration de Barcelone, lequel spécifie qu’il faut valoriser « la compréhension des cultures et les échanges entre les sociétés civiles ». Le projet de l’atelier vise également à répondre aux thèses du « choc des civilisations », conformément à l’initiative hispano-turque sur l’Alliance des civilisations, qui a reçu le soutien entier du Secrétaire général des Nations Unies.
L’Atelier culturel est un cadre de travail de durée limitée -un séminaire d’une année- à partir d’une participation non-gouvernementale. Ce sera un véritable « atelier de travail » sur les grands thèmes culturels, qui fonctionnera pendant un an à partir d’une première rencontre à Paris les 13, 14 et 15 Septembre 2006.
Cet atelier est ouvert aux sociétés du Maghreb, du Machrek, d’Israël, du Golfe, de l’Union Européenne et de la Turquie.
Le caractère non-gouvernemental de l’atelier est central, même s’il convient d’avoir avec les gouvernements des pays intéressés une relation de confiance et de soutien au projet. Les sociétés civiles, qu’elles soient développées ou émergentes, qu’elles soient libres ou contraintes, sont la clé du développement social, culturel et politique de la rive sud. Il s’agit de toucher les acteurs du terrain, l’ensemble du spectre des sociétés, les nouvelles générations.
L’Atelier culturel, pour cette raison, se réalise en partenariat privilégié avec la plate-forme non gouvernementale euro-méditerranéenne (Paris) et de la fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh pour le Dialogue entre les cultures (Alexandrie).
L’Atelier culturel doit être un exercice de travail approfondi, continu et cohérent. C’est pourquoi il se déroulera sur une année de façon continue, à partir de la conférence de Paris du mois de septembre 2006. Pendant une année, il y aura continuation du travail des ateliers et de la participation à ces ateliers, au travers de trois conférences successives.
Il est important de donner toute son efficacité au dialogue entre les acteurs non-gouvernementaux des deux rives, à partir des principes de la diversité culturelle et de l’approche multilatérale. C’est la philosophie du projet de l’Atelier culturel.