Le voile, l’occident et l’école

J’avouerais de prime abord que j’ai hésité avant d’accepter de traiter de ce sujet vu que j’ai toujours considéré que  mon engagement intellectuel concernant la femme en islam ne pouvait  se réduire à la seule problématique de ce  voile qu’on appelle « islamique ». J’ai toujours refusé de me hasarder dans un débat « hypermédiatisé » -que certains, ont à juste titre, nommé « le voile médiatique »- où l’émotionnel y  atteint des paroxysmes surprenants et qui  finit  toujours par  se réduire  à sa dimension la plus simpliste : «Etes –vous  pour ou contre le voile ? ».

Cependant, quand on m’a proposé d’y participer sous la thématique de ce séminaire : « Les autres prennent la parole »,  il m’est apparu de mon devoir de répondre à cette « invitation au dialogue » a l’échange et au partage et de donner mon modeste point de vue.

Certes, le sujet est complexe, d’abord par ce qu’il s’agit d’une question où s’imbriquent, au-delà des dynamiques sociopolitiques, la tradition, la religion, la modernité,  la revendication identitaire, le droit à l’instruction, les libertés personnelles et le défi des sociétés multiculturelles…Il reste néanmoins évident que le débat sur le voile, a permis de « dévoiler » au moins deux grandes problématiques contemporaines : en Occident celui  de la visibilité de l’Islam et de là celui de la place de cet Islam dans les sociétés occidentales et chez les musulmans, une profonde crise identitaire, dont le principal symptôme a été  la réaction émotionnelle démesurée autour de cet emblème qui a finit par symboliser l’essentiel de l’identité islamique.

Le sujet est  aussi complexe, voire un tant soit peu sensible,  personnellement parlant, puisque l’on pourra questionner, à raison d’ailleurs,  l’objectivité de mon point de vue en tant que femme « arborant » ce voile tant problématique?! Je pourrais  y répondre en posant la question autrement, à savoir, quel sera le degré d’objectivité de ceux qui seront à l’écoute de mon propos ?   Ecoutera t-on mon propos de façon objective ou bien le fera t-on sous le prisme « déformé » et « subjectif » du regard porté sur l’Autre,  enfermé,  dans ses représentations stéréotypées et ses jugements figées ? C’est là tout le défi de la « déconstruction » du regard que l’on peut porter sur l’Autre et de notre approche réciproque de l’Altérité !

C’est dans ce sens, celui qui donne la priorité à l’empathie et à l’accès de l’intérieur à la vision de l’autre qu’il  serait utile voire nécessaire de revoir, ne serait ce que brièvement, la terminologie ainsi que les données théologico-historiques du « voile », afin, d’une part, de rectifier quelques amalgames sémantiques et historiques et d’autre part  d’avoir quelques  « repères » à partir desquels il nous sera, peut être, plus facile de « comprendre » l’Autre à partir de « son intérieur » à lui.

Histoire, terminologie et données scripturaires

Il est historiquement connu que le port du voile par les femmes était déjà pratiqué bien avant l’arrivée de l’Islam[1] et qu’il était encore adopté à des époques récentes, y compris dans des sociétés mon musulmanes. On le retrouve comme prescription religieuse aussi bien dans le Judaïsme que dans le Christianisme, Saint Paul en fait mention dans sa lettre aux Corinthiens et  à l’époque, sa signification était évidente : le voile témoigne de la protection et de l’honorabilité de la femme qui le porte, tout en étant, cependant,  un puissant moyen de distinction des classes sociales[2].

En ce qui concerne l’Islam, religion qui achève l’avènement du monothéisme et  à l’instar des autres traditions religieuses, le voile dans son sens général ne sera pas considéré comme une innovation historique, puisque il faisait partie des traditions vestimentaires de nombreuses civilisations antéislamiques, sur lesquelles est venue se greffer cette religion…Cependant, c’est le sens nouveau que lui donnera le message spirituel de l’islam qui fera son originalité et sera à l’origine de  son expansion et donc de sa connotation religieuse parmi les populations islamisées, même si ce nouveau sens perdra en cours de route, l’essentiel de sa raison d’être et finira par se réduire à une symbolique essentiellement coutumière.

Mais comment le Coran, texte sacré des musulmans aborde t-il ce thème du voile ?

De pont de vue philologique le terme de « hijab »  utilisé actuellement par les musulmans est incorrect puisque dans le Coran il signifie « rideau » ou « séparation » alors que le voile serait plutôt la traduction de « khimar » qui désigne en arabe le voile, avec lequel les femmes se recouvrent la tête et qui était déjà utilisée à l’époque.

Le Coran mentionne donc le terme de « khimar » une seule fois (Coran 24 ;31) et à travers quelques versets – où il est aussi question d’un autre type de vêtement porté à l’époque (jilbab) qui signifie vêtement ample (Coran 33 ;59) – il invite les croyantes à un comportement  de « décence » autant physique que moral.

Il serait important  de rappeler que les  versets qui parlent de voile  furent  énoncés lors  d’une conjoncture historique particulière à savoir  celui de l’oppression des femmes. En effet, avant l’islam, les femmes étaient répudiées sans motif et  se retrouvaient souvent dans des situations de misère qui l’obligeaient à choisir entre l’esclavage ou la prostitution voire parfois les deux…  Pour attirer l’attention, elles avaient l’habitude de se promener la poitrine dénudée, à l’image des prostituées sacrées connues en Mésopotamie ou en Inde, d’où l’injonction coranique qui invitaient les femmes -qui ont choisit d’entrer en islam et donc de se « libérer »-  de « rabattre les pans de leurs voiles ou khimar sur leur poitrine »…C’est là le seul « détail » qui sera évoqué par le Coran alors que,  concernant le reste, le Coran se contentera de donner des orientations générales qui incitent à la  « bienséance »  et à la « modération » vestimentaire et j’utilise sciemment ici le terme de « bienséance » car l’injonction coranique est une invitation à la « décence » plutôt qu’à la « pudeur » souvent formulée pour interpréter ces versets.

Femme de Kazagistan Il est évident donc que dans aucun verset il n’y a d’instructions claires – mise à part le terme de khimar et jilbab – quant à une manière « précise »  de s’habiller ou de porter un quelconque vêtement[3]. Cette formulation vague et  subtile autour  d’une certaine « apparence extérieure » est la preuve de  la latitude offerte par le message spirituel  aux femmes de chaque époque afin de leur permettre ainsi de concilier entre leurs convictions spirituelles et leur contexte social respectif.

Le Coran  ne légifère en rien sur la  nécessité d’un « uniforme » religieux qui serait strictement « islamique » comme on aime à le prouver actuellement et l’intention spirituelle première n’était pas de fixer des normes vestimentaires rigides ou figées qui seraient « fixées » une fois pour toute mais plutôt de  « recommander »  une « attitude » voire une « éthique » autant par rapport au corps que par rapport  à l’esprit.

Le Coran n’ayant donc pas insisté sur l’apparence physique outre mesure, il serait très réducteur d’analyser les quelques versets sur le voile en dehors de l’ensemble des orientations du message spirituel concernant les femmes.

On  ne peut donc, faire l’économie du contexte particulier dans lequel vivaient les femmes à l’époque de la révélation ni  celui  de la lecture des  autres versets qui octroient  aux femmes des droits et des responsabilités révolutionnaires pour l’époque, leur concédant ainsi, un nouveau statut social en tant qu’être humain à part entière. Les versets concernant donc le voile sont à relire concomitamment avec ceux qui donnaient  aux femmes le droit à l’indépendance économique, à l’héritage, au libre choix du conjoint, à la participation sociale et  politique…De nombreux textes historiques  confirment le fait que le nouveau message spirituel viendra bousculer les traditions archaïques de l’ordre patriarcal et inaugurer une  nouvelle conjoncture sociale très favorable à l’émancipation des femmes. Les premières femmes musulmanes en souscrivant à l’incitation du voile et de la décence, l’ont d’abord compris comme faisant partie intégrante d’un profond message de libération et comme le symbole d’une dignité enfin retrouvée.

Cette conception globale  de l’esprit du Coran et  l’approche holistique du message spirituel sont importantes voire essentiels à connaître quand on veut saisir le sens profond des versets concernés. Le voile n’est pas important par lui-même –puisqu’il existait avant- mais c’est le nouveau sens qu’il prend et le contexte dans lequel il s’articule -celui de la libération des femmes- qui est important.

Il est tout aussi important  de souligner ici ce que beaucoup de musulmans ignorent ou passent sous silence, à savoir que cette injonction à la « bienséance » ne concerne pas uniquement les femmes puisque d’autres versets exhortent les hommes à ce  même type de comportement.

Il est donc clair que le but des versets était d’inciter hommes et femmes à se  libérer de tous les despotismes  tout en se comportant avec décence et respect les uns vis-à-vis des autres.

Il est malheureux de constater que cette première intention du message spirituel de l’islam est souvent omise voire complètement ignorée au détriment d’une lecture littéraliste qui ne retiendra de tout l’enseignement coranique que ce slogan désormais célèbre : « l’obligation pour les femmes de porter le voile » !…Or d’abord il n’a jamais été question ici d’obligation  mais plutôt de « recommandation », cela est un point très important car il est le point de départ  de nombreux amalgames et préjugés qui restent associés à l’image de la femme en islam. Une conviction religieuse ayant attrait à la foi n’a de sens que quand elle est vécu sans contrainte…Et donc parler d’obligation islamique de porter le voile ne peut être acceptable spirituellement parlant car là aussi le Coran est clair : « Nul contrainte en religion ». C’est là, l’un des principes fondamentaux de l’islam- mais aussi de toutes les religions- et  que de nombreux musulmans oublient… En second lieu, réduire tout le message libérateur du Coran, concernant les femmes, au voile, c’est aller à l’encontre de ce même message…Et c’est exactement ce qui s’est passé au cours de l’histoire islamique puisqu’à force de focaliser l’ensemble du message sur l’unique comportement vestimentaire de la femme, sur l’obligation qu’aurait la femme de « cacher »  et de « voiler » ce corps, nous sommes arrivés dans le monde musulman à donner à ce signe spirituel une symbolique d’oppression qu’il est difficile de rétablir…

C’est d’ailleurs cette même interprétation qui a sévit à travers toute l’histoire de l’humanité et qui  transcende toutes les traditions religieuses. Comme dans le Judaïsme et le Christianisme, la réflexion au sein de l’Islam sur la signification du voile a ouvert la voie à  de multiples interprétations qui sont restées intrinsèquement ancrées dans l’histoire  contextuelle de ces sociétés. Si la Kippa, pour les hommes de tradition hébraïque,  est une expression de respect envers Dieu et une affirmation de l’identité juive, selon certaines interprétations de la  loi juive, « la femme appartient à son mari et doit avoir la tête couverte ». De nombreuse femmes juives orthodoxes se couvrent la tête actuellement ou portent une perruque.  Dans le Christianisme, Saint Paul a eu une interprétation très misogyne du voile puisqu’il en fait l’emblème de l’oppression des femmes et  énonce ainsi  dans sa première épître aux Corinthiens (11 : 2-16)« L’homme lui ne doit pas se voiler , il est l’image de la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l’homme….Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête la marque de sa dépendance… ».

Dans toutes les traditions religieuses et les civilisations, le voile, réduit à son sens le plus littéraliste, celui de « cacher » a été l’outil de la soumission de la femme à l’ordre patriarcal…Le message spirituel à travers les interprétations humaines de toutes les religions a été marginalisé au détriment d’une lecture patriarcale qui reste dominante dans tous les systèmes religieux.

Dans le monde indo-pakistanais par exemple, la « Purdah », vêtement qui à l’instar de la fameuse « Burqah » en Afghanistan, signifie littéralement « écran », ne tient pas ses origines de l’islam et serait né, dans ces sociétés fortement patriarcales, paradoxalement afin de protéger les femmes des conquérants musulmans dans le Rajasthan !! Le « Tchador » en Iran ne correspond lui aussi à aucune obligation musulmane et sa filiation remonterait à la Perse antique !

L’orientalisme, le colonialisme et le voile…

Jeune iraquienneC’est donc fortement associé à tout cet héritage ancestral des traditions locales patriarcales que le voile dans le monde musulman et à travers ses représentations les plus diverses,  va continuer à symboliser l’asservissement des femmes par excellence.

Avec la décadence du monde musulman, les interprétations vont de plus en plus devenir littéralistes et s’éloigner de l’interprétation rationnelle des objectifs du message spirituel…En voilant les femmes, on va leur usurper touts les droits acquis avec l’avènement de l’islam et le voile restera comme le puissant révélateur de la détérioration du statut juridique de la femme en terre d’islam, puisqu’au nom de ce symbole, on va la cloîtrer, l’exclure de l’espace publique, des hommes, du reste du monde, de la vie …

Le colonialisme en terre d’islam, va constituer un tournant désastreux pour les populations islamiques, qui,  agressés dans leur identité, vont, pour mieux la protéger,  s’acharner contre celle qui est sensée être la gardienne de  toute la morale religieuse : la femme…C’est ce que certains penseurs musulmans ont nommée « l’ingérence du dominant au  cœur de l’intimité culturelle et religieuse du dominé »[4]. Et l’intimité en terre d’islam a toujours été symbolisée par sa composante féminine.

Le repli identitaire des musulmans, déjà initié par la décadence de leur civilisation, a été  exacerbé  par un colonisateur venu « civiliser » des populations indigènes et sera d’autant plus  redoutable pour les femmes musulmanes qui deviendront,  dès lors, victimes d’une double hégémonie : celle du patriarcat traditionnel et celle  du colonialisme. Ce dernier, au nom de sa prétendue « mission civilisatrice » va curieusement s’acharner sur la libération des femmes orientales ! C’est ce qu’a clairement décrypté Edward Said dans son ouvrage culte « l’Orientalisme » [5]. En effet, c’est sous ce concept  orientaliste, qui est un style occidental de domination, de restructuration et d’autorité sur l’Orient colonisé, que s’est forgé dans le temps et dans l’histoire, l’image négative de l’Autre et ce de part et d’autre. Les musulmans garderont l’image récurrente négative d’un oppresseur venu les déraciner et les amputer de leur identité, alors que l’occident conservera de ses mémoires d’orient, cette vision « dépréciative » de l’Autre, éternellement différent, invariablement délimité comme « objet » à étudier, à civiliser, à libérer…mais jamais comme partenaire  à part égale.

A travers la lecture sexualisée de l’orientalisme, l’inéluctable désir de « dévoiler » la femme musulmane fait partie d’un complexe idéologique historique de l’Occident conquérant. Le 13 mai 58 à Alger, place du Gouvernement : des musulmanes montent sur un podium pour brûler leur voile. L’enjeu de cette mise en scène est de taille : il faut pour les autorités coloniales que les femmes algériennes se désolidarisent du combat des leurs. Leur exposition sert de langage : celui d’une puissance coloniale qui oeuvre pour gagner les femmes à l’émancipation et à la pérennité de la “civilisation française[6]”.

La scène du « dévoilement des femmes » à Alger sous l’occupation militaire française est d’une symbolique symptomatique du tragique concept de la  libération des peuples sous couvert d’une occupation forcée. C’est la même idéologie qui a légitimé les occupations récentes d’Afghanistan et l’Irak, celle qui, sous prétexte de libérer les peuples du despotisme de ses régimes et de l’archaïsme de ses traditions, concède à une puissance hégémonique le droit moral d’occuper et de dévaster des nations entières…

C’est donc à travers ce prisme idéologique et géopolitique qu’il faudrait appréhender tout  le débat actuel sur le voile qui n’est pas né par hasard mais qui est le résultat de l’accumulation d’un « imaginaire » forgé de part et d’autre par des conjonctures géostratégiques et politiques bien particulières.

Cette fixation aussi bien occidentale que musulmane autour du voile est donc à appréhendé  selon cette perspective historique lourde en contentieux et dans laquelle la logique dominants –dominés est  toujours de mise.

Le voile et ses multiples expressions

Femme marocaineCinquante ans après que les musulmanes se soient dévoilées -par choix ou sous la contrainte-  nous assistons à un retour du voile dans la majorité des pays musulmans ainsi que dans les communautés vivant en Occident. La multitude  d’études faites dans ce sens montre que la réalité du voile est complexe et multidimensionnelle.

En effet, l’expression actuelle du voile est multiple et diverse et elle sera vécue selon les sensibilités, comme une quête spirituelle, une démarche culturaliste, une revendication identitaire, un rempart contre la société de consommation  moderne, une simple mode à suivre ou un puissant étendard politico-religieux. Il existe donc une pluralité des vécus parfois contradictoires dans les manières de croire et de vivre le voile… Mais toutes ses expressions, quelque soient leur degré de diversité et même de leur contradiction, se font sur un terrain commun, celui du retour du religieux. Ce retour du religieux, même s’il se fait parfois selon un mode archaïque est paradoxalement révélateur  d’une tentative de réappropriation, par les musulmans, d’une modernité vécue souvent comme agressive pour les valeurs islamiques.  Les musulmans tentent de se réapproprier une modernité qu’ils leur échappent, du fait de leur retard historique et de leur fragilité économique,  mais sans pour cela se défaire de leur référentiel spirituel. Ils veulent,  à partir de ce même référentiel,   reformuler un islam moderne à la fois ancré dans sa mémoire et son histoire tout en étant  adapté à son temps. Autrement dit, tenter de  donner un sens à leur modernité…

Et c’est au cœur de cette restructuration sociale et donc au cœur même de la notion de la modernité,  que le voile porté par les musulmanes d’aujourd’hui devient paradoxalement le principal enjeu d’une démarche individualiste et autonome, libérée des contraintes culturelles traditionnelles.

Certes, elles seront nombreuses à le porter par soumission à un ordre qui reste dominé par le patriarcat religieux, tandis que d’autres le porteront par réflexe culturel, mais dans aucun cas on ne peut essentialiser le propos et refuser de voir toutes les autres, en l’occurrence celles qui l’ont mis par choix personnel et qui le revendique comme signe d’indépendance et de rupture par rapport aux traditions culturelles sexistes. Celles qui assument ce choix en tant qu’élément d’une vision holistique de l’islam et qui en font à la fois  un acte de foi et de libération.

A ce niveau il serait important de souligner que quelque soient les motivations exprimées par les femmes si cela émane de leur propre volonté il faudrait savoir respecter ce choix personnel qui est du ressort de l’intimité, de l’intériorité et des convictions.

Le voile, l’école et la France…

Jeune nigérienneMais comment le voile,  ce morceau de tissu,  peut-il cristalliser autant de passions aujourd’hui en Occident et donner lieu à  autant d’amalgames ? Car si nous sommes en présence d’une  problématique telle que celle du voile à l’école en Occident –particulièrement en Europe- c’est qu’il y a un grand malentendu de part et d’autre.

Il faudrait peut être souligné ici que la problématique du voile à l’école ne s’est posé réellement, en termes conflictuelles,  qu’en France –à un moindre degré en Belgique-  alors que dans d’autres pays européens, la question du voile ne se pose même pas[7] !

Concernant donc la question du voile à l’école, il serait intéressant de rappeler l’historique du « traitement médiatique » de cette question- qui a débuté en France- et  qui a joué un rôle crucial dans la propagation de cette même problématique à l’échelle internationale. Il y a eu en effet une véritable « construction médiatique » d’une affaire intra –scolaire, au début des plus banales,  et qui en prenant des proportions démesurées a entraîné une véritable hystérie collective s’achevant par le vote d’une loi discriminatoire et la déscolarisation d’une centaine d’adolescentes. Il est vrai que l’apparition de la première affaire du voile en France (Creil en 1989) a vu le jour sous la pression d’un contexte international marqué par le poids de la révolution iranienne et la vision impressionnante de la marée de femmes en  tchadors noires qui a laissé des traces profondes dans l’imaginaire collectif occidental mais aussi dans le reste du monde musulman…D’autres images négatives viendront alimenter des sentiments assez perméables aux ressentiments déjà existants, comme les afghanes en burka, la résurgence  de l’intégrisme religieux dans certains pays islamiques et finalement le 11 septembre avec toutes ses retombées profondément  néfastes sur l’image des musulmans  d’une part et la géopolitique d’autre part.

Le climat d’islamophobie régnant depuis le 11 septembre, a favorisé en quelque sorte, la banalisation d’un racisme anti –musulman qui peut expliquer comment à 3 ans seulement des attentats de 11 septembre, un pays comme la France ait promulgué une loi contre le port du voile au sein des écoles en 2004.

Il serait légitime en fait de se demander comment interpréter le fait que quelques élèves voilées deviennent soudain le signe de tous les maux et le danger imminent qui menace la République Française[8] ?  Comment ne pas comprendre que la loi contre le voile votée par la France n’est pas une stratégie de lutte contre l’intégrisme et contre le terrorisme dit islamique ? Et dans ce cas comment ne pas voir dans ce « glissement de sens » un  jeu d’amalgame qui,  radicalise dangereusement l’ensemble des musulmans ? Comment ne pas voir que la bataille du voile en France peut être de ce point de vue considérée comme une réadaptation française de la doctrine du choc de civilisations ?.

Il est donc clair que sur  fond de diabolisation de l’islam, de racisme et de malaise social envers des populations d’immigrés de plus en plus présentes en terre d’Occident, la question du voile est devenue un bouc émissaire voire le bouc émissaire idéal pour tout le microcosme médiatico-politique. Il n’y a qu’à recenser la terminologie  produite à cet effet et qui associe le voile à la croix gammée, à l’étoile juive des déportés, à l’excision, à la subordination, à l’esclavage, à la lapidation, au déni du corps, à l’inégalité des sexes, au terrorisme, à l’intégrisme musulman….pour réaliser à quel point l’amalgame et  l’aveuglement intellectuel ont pris le dessus et ont empêché tout débat réfléchi  sur la question !

Mais la première question qui revient devant cette problématique c’est en quoi le voile d’une jeune fille scolarisée peut –il entraver le déroulement de la vie scolaire ? Les arguments avancés par les tenants d’une loi prohibitive sont nombreux mais on peut en citer quelques uns  qui reviennent incessamment à savoir : la tentation communautariste, la revendication identitaire religieuse, la volonté de différenciation, l’atteinte à la laïcité et enfin l’argument féministe massue qui affirme que le voile représente par excellence l’inégalité des sexes.

Pour ce qui est du communautarisme, on peut se demander si ce n’est pas au fond assez illogique comme argument,  puisque tout en appartenant à une communauté de foi –ce qui est légitime-, une jeune élève voilée par sa présence au sein d’une école publique laïque, est sensée être en contact permanent avec des élèves d’autres communautés confessionnelles, ethniques et culturelles  et l’en exclure revient à l’enfermer et l’isoler dans sa « seule communauté » ?

Quant à la revendication identitaire  religieuse, il faudrait d’abord évaluer l’aspect de cette revendication : toute revendication à caractère agressive,  marquée de prosélytisme, non respectueuse des autres est certainement à proscrire. Hormis ces aspects négatifs, n’est –il pas enrichissant de voir, au sein de cet espace neutre qu’est l’école, se côtoyer toutes les identités : juives, chrétiennes, musulmanes, athées, hindoue, rasta, gauchiste, immigré et arabe ??  L’école n’est-elle pas de ce point de vue l’endroit idéal pour que s’interpellent toutes ces identités, qu’elles se recherchent et s’échangent  afin de mieux se connaître et de mieux dépasser dans le futur tout repli identitaire? Ce n’est pas en les empêchant de s’exprimer que l’on va aider ces élèves à identités différentes à relativiser leur appartenances, bien au contraire, le repli identitaire sera d’autant plus important qu’il sera étouffé ou interdit d’expression.

La volonté de différenciation  des élèves voilées suit la même logique, combien sont –ils dans une école donnée, à vouloir se singulariser par rapport aux autres ?  En quoi ce désir de différenciation pourrait-il être nuisible à l’école ? Cette dernière n’est –elle pas le lieu qui doit gérer équitablement toutes ces différences ? Et qu’en est-il des autres signes de différenciation qui sont en vogue dans l’espace public scolaire actuellement tel que les marques de vêtements, de chaussures, du piercing, des coupes de cheveux : crâne rasé ou rasta,  de leur teinture et de la mode en général ?  Si l’enseignement public dans les écoles européennes se dit contraint à la  neutralité, logiquement cette neutralité devrait impliquer le respect des conceptions philosophiques, idéologiques ou religieuses des parents et des élèves ! La neutralité devrait justement s’exprimer non pas par des interdits mais par le respect de la diversité des convictions et des identités des individus.

Quant au fait que le voile à l’école soit une atteinte aux valeurs « sacrés » de la laïcité comme il a été décrété par la loi française cela est encore une fois contredit par les principes de base  de notion de la laïcité elle-même[9]. Car le principe de la laïcité n’implique pas la répression de la manifestation des convictions religieuses dans l’espace public mais plutôt un processus de « distanciation » de l’état par rapport aux croyances religieuses. La laïcité c’est justement le « garant » de la liberté de conscience et elle est avant tout un principe de liberté : « Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses », dit l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Cette crispation « très française » sur la laïcité que certains ont dénommé « laïcité d’exclusion » ou « laïcité intolérante » est très caractéristique de cette nouvelle « religion civile » qui se considère menacé par la diversité culturelle des sociétés contemporaines comme l’a qualifié  Jean Beauberot[10].

SaharienneL’école, en conformité avec les engagements européens, respecte le pluralisme et reconnaît à toute personne le droit de manifester sa religion ou conviction individuellement ou en collectivité, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites. Le fait de porter le voile ne porte donc pas atteinte aux  valeurs de la laïcité et aux  principes qui fondent les démocraties modernes et qui doivent être respectés par tous. Ce qui, par contre est une atteinte à la culture démocratique c’est  d’expulser des filles de leur scolarité sous le seul prétexte qu’elles portent un voile.

L’argument féministe revendiqué par certaines féministes radicales, reste, à mon humble avis, l’un des arguments les plus discordants dans cette supposée « guerre du voile »[11]. En effet, l’alibi féministe considère que toutes les femmes du monde doivent renoncer à ce symbole controversé qui entraverait leur dignité et leur épanouissement et partant de cette affirmation elles considèrent que les élèves –filles portant ce voile et qui refusent de l’enlever doivent être exclues de l’école.  L’on peut tout à fait considérer que le port du voile est le signe de la subordination des femmes- et malheureusement dans la culture musulmane l’on ne peut nier l’existence de ce fait dans un grand nombre de cas- sans pour autant sombrer dans la dictature de pensée. Essentialiser le propos et considérer toutes celles qui le portent comme telles et gommer toutes les autres motivations, c’est  faire preuve d’un véritable  despotisme intellectuel qui le plus naturellement du monde ôte à autrui le droit de choisir selon sa propre conscience.  Car en tant que féministes, convaincues des principes démocratiques, on devrait relativiser le propos et surtout considérer que le droit de porter le voile va évidemment avec le droit de ne pas le porter !  La loi sur le voile, votée en France, largement légitimée par des féministes qui prônent la défense des droits des femmes et l’égalité des sexes, est l’exemple typique de loi, où s’imbriquent à la fois sexisme et racisme[12] !

Le sexisme y est incontestable puisque la discrimination est flagrante pour les filles musulmanes vu que les garçons musulmans, en dépit de leurs convictions ne seront pas concernés ni par le débat ni encore moins par l’exclusion de l’école !  Et qui a  t-il de plus injuste et de plus discriminatoire que d’empêcher des filles à suivre une scolarité normale, afin de leur permettre de s’armer de savoir et de faire justement  les bons choix quant à leur futur et à leur émancipation personnelle ?  Comment peut-on parler de lutte contre le sexisme alors que,  comble de l’ironie, on stigmatise uniquement des filles et on se charge de  les renvoyer vers leur milieu familial sensé être, selon ces mêmes féministes, le lieu suprême du patriarcat et du sexisme ?!

Le racisme, quant à lui,  est perçu en filigrane à travers un débat qui cible avant tout la communauté musulmane composée dans sa majorité d’immigrés originaires des pays du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, anciennement colonisés par la France.  L’argument antisexiste des adeptes de la loi contre le voile n’est qu’un instrument de la construction d’une altérité discriminatoire. A travers une prétendue lutte pour la libération de  la femme musulmane on cherche à  « démontrer » que le modèle d’émancipation occidentale est la seule voie possible pour une libération de type universel. Or, cette vision ethnocentrique s’inscrit malheureusement dans la continuité de l’histoire et dans la classique logique  de « paternalisme universaliste » inspirée par la non moins classique « mission civilisatrice » de funeste mémoire.

Il est malheureux de constater que cette « guerre du voile » est une piètre « guerre de symboles » car au nom des libertés on s’attaque au voile alors que nous sommes tous soumis à un système économique et social qui nous imposent ses diktats au nom de cette même liberté !  Et puis de quelle émancipation de la femme est –on en train de parler ? Cette émancipation devrait-elle s’évaluer uniquement  à l’aune du corps de la femme, de son image, et de ses représentations ? La libération des femmes ne saurait être imposée par des idéologies ou des systèmes économiques donnés, elle doit par contre se manifester dans le « libre choix » de son propre style de vie,  de sa façon de s’exprimer, sans se voir imposer les principes d’autrui au nom d’un universalisme abstrait.

Il faudrait avoir le même esprit de respect devant des choix personnels et d’accepter aussi bien les femmes qui se percent le nombril, se teignent les cheveux en vert ou celles qui choisissent  de se couvrir  d’un voile, car c’est là le sens même de la liberté…

L’expression d’un malaise identitaire…

Loin de moi l’idée de réduire tout le débat aux seules questions d’islamophobie, de racisme ou  de discrimination  et  de faire  ainsi dans la victimisation. Il ne s’agit pas aussi de minimiser le problème que peut poser le voile dans les écoles en Europe et le malaise qu’il peut engendrer auprès d’enseignants soucieux  de solutionner des conflits ponctuels dans le concret de la vie scolaire

Bien au contraire, mis à part tous les autres thèmes évoqués,  la responsabilité des musulmans en général, des communautés musulmanes et des parents concernés en particulier,  est à mon humble avis, de loin, la plus importante et constitue le principal obstacle à toute solution équitable du problème. Il y a eu, de la part de certains musulmans une attitude  démesurée par rapport à cette question  qu’ils ont considéré comme étant « non négociable » et de l’ordre du « sacré » ! Or déjà, comparer le droit à l’instruction avec la recommandation du voile en islam c’est commettre une erreur monumentale puisque la priorité est claire en islam : Le droit  à l’instruction  est plus important voire prioritaire par rapport au voile qui doit rester dans le registre de la liberté de  choix de celle qui veut le porter.

En effet, comment par exemple expliquer ou justifier le voile portée par  des fillettes mineures à l’école ? Le justificatif religieux est ici irrecevable car comme on l’a déjà vu la « recommandation coranique »  n’est dirigée qu’aux jeunes filles pubères et  selon notre contexte, à celles qui sont en âge de faire leurs propres choix personnels. Or, ces jeunes filles mineures qui sont dans l’incapacité morale et physique de choisir sont  de  véritables victimes de leur milieu familial. Ce genre de comportement nous donne une idée sur l’ ignorance des musulmans quant à leur religion et à leur culture.

Les communautés musulmanes sont, elles- mêmes, victimes d’un système qui les dépasse, celui des pays d’origine où le religieux souvent imbriqué avec le politique a toujours été vécu comme une culture de la contrainte coutumière qu’on continue de transmettre aux générations futures au nom de la préservation de l’identité religieuse. Eduqués à vivre le religieux non pas comme un message spirituel libérateur mais comme une tradition essentiellement dogmatique et ritualiste qui ne laisse au croyant aucun espace de liberté, de choix ou de critique, un grand nombre de musulmans d’Occident, en plus de méconnaître tragiquement l’histoire des sociétés dans lesquelles ils résident, vive l’islam comme un « rempart identitaire » .

Ils ne retiennent de l’islam que ce qui cautionne leur résistance identitaire et sont ainsi perméables à des doctrines  venant de pays islamiques où au nom  d’une lecture du religieux traditionaliste et hermétique on donne de l’importance à des prescriptions  comme le voile, sensées représenter, l’essentiel de l’identité musulmane féminine. Il est étonnant de voir comment  actuellement  la majorité des  savants musulmans donnent au voile une intensité normative démesurée alors qu’en Islam,  le savoir et l’instruction sont beaucoup plus importants que cette recommandation que l’on peut relativiser selon le contexte dans lequel nous vivons.

Cette obstination qu’ont certains musulmans à revendiquer certains signes religieux non prioritaires est à l’origine de l’incompréhension de nombreux occidentaux qui considèrent dès lors l’islam comme une religion structurellement archaïque et estiment que les musulmans « refusent » ou sont incapables de s’intégrer dans leur société…Ce qui a pour résultat inéluctable de créer des situations de malaise et de tension sociale  qui peuvent dégénérer en véritables conflits sociaux.

Dépassionner le débat de part et d’autre…

Femme du MaliDevant des problèmes comme celui du voile à l’école et afin d’éviter justement l’éclatement de conflits sociaux à long terme, il faudrait savoir circonscrire le problème au seul espace scolaire afin de ne pas tomber dans la médiatisation forcenée qui au lieu de résoudre le problème ne fera que l’amplifier.

Il faut élargir le champ de réflexion et inviter tous les partenaires à relativiser le débat et sensibiliser aux risques de stigmatisation d’une population donnée qui ont pour conséquences de radicaliser et de pousser l’Autre à davantage de repli.

Il faut garder en mémoire le fait que l’interdiction des signes religieux en France n’a fait que renforcer le sentiment de « victimisation » déjà très présent dans les populations musulmanes. L’école devrait être le lieu idéal où tous les particularismes peuvent se retrouver et où chacun peut accéder aux valeurs universelles sans devoir renoncer à ce qu’il estime être ses valeurs intrinsèques.

Il faut que l’école soit le lieu où se réalisent des compromis enrichissants, ceux là même qui ne peuvent se faire sans une connaissance réciproque et profonde de l’histoire de l’autre, d’où il vient, d’où il pense et en quoi il aspire…Inclure l’histoire de l’Autre et le point de vue de l’Autre est essentiel afin que l’école devienne un lieu privilégié d’apprentissage des règles nécessaires au « vivre ensemble ». C’est donc à l’école et nulle part ailleurs qu’il faut  préparer les jeunes générations à la société multiculturelle d’aujourd’hui et de demain, en déconstruisant les imaginaires et stéréotypes de part et d’autre. Il faut que cette dimension de l’altérité si présente actuellement dans les écoles européennes soit source de richesse et non pas de régression afin de construire des identités ouvertes qui vont s’enrichir mutuellement de par leurs spécificités respectives!

Et l’une des étapes primordiales pour cela devrait être l’enseignement du « fait religieux » et l’étude de  la « présentation » dans les manuels scolaires de la religion de l’Autre car la manière dont l’Autre y est représentée  joue un rôle considérable sur les mentalités[13].

L’approfondissement de l’étude des différentes cultures religieuses peut contribuer à faire de l’école un lieu du débat éthique. Ceci peut être réalisé en construisant par exemple des « repères » dans le temps et l’espace des différentes fêtes religieuses, connaissance des différents calendriers ethniques et des expressions culturelles multiples …Prendre en compte les questions existentielles des élèves et de leur quête de sens tout en développant leur sens de l’analyse critique de leur propre tradition.

Il est vrai que les enseignants peuvent être confrontés à des « signes » et « symboles » portés par des élèves et qui à un moment donné risquent d’entraver sérieusement les codes de l’éthique comme le voile qui cache tout le visage (Niquab ou Burqua) .  Comment accepter dans ce cas d’établir les bases d’un dialogue équilibré devant un comportement qui dénie à l’autre le droit de le voir ???

Jusqu’où peuvent aller donc le droit à la différence, au libre choix,  et le multiculturalisme ??  C’est à l’école que revient le droit d établir des normes minimales en deçà desquelles il serait  impossible de négocier… Quoique les choses peuvent être plus difficile sur le terrain  il faudrait que le règlement à l’amiable et la négociation puissent toujours primer sur l’expulsion de l’élève…Car ce n’est qu’au sein d’institutions comme l’école que les élèves portant des signes contre leur volonté ou sans véritable prise de conscience peuvent avec l’instruction et le savoir « relativiser » des choix qui leur seraient imposés !

Le débat est comme on le voit d’une grande complexité vu que c’est du droit à l’instruction qu’il s’agit, du droit à la vie future, du droit à être libre et conscient de ses propres choix…Le problème du voile dépasse de loin la problématique d’un simple foulard, il est malheureusement révélateur des nouvelles  tensions de notre temps, du défi des sociétés multiculturelles, de la confrontation des  valeurs religieuses et culturelles avec les valeurs de la modernité, de la quête de sens dans un monde de plus en plus en perte de repères…

Quoiqu’il en soit et malgré toutes les difficultés qui peuvent surgir sur notre chemin il n’y a pas d’autre choix que celui que nous dicte notre éthique humaine, celui du respect, de la compréhension  et de la reconnaissance de l’Autre. Celui d’un  dialogue ouvert, franc, courageux qui puisse déconstruire toutes les peurs enracinées  dans l’ignorance de l’Autre…Ce sont les seules choix qui nous restent si nous voulons tous franchir cette période tumultueuse de notre monde, avide d’hostilité et  de ressentiments, sans trop de dégâts…

  • [1]Texte d’une loi assyrienne attribuée à Teglath- Phalasar 1er, an 1000 avant JC: “Les filles d’hommes libres sont obligées de porter le voile. Il est interdit aux prostituées de le porter », dans SIREAS, « Le port du voile entre religion , culture et société » Document numéro 6, Année 2006.
  • [2] Idem.
  • [3] Il faut souligner à ce niveau  que la tradition prophétique précisera que l’injonction coranique  concerne  les jeunes filles à partir de la puberté.
  • [4] Malek Ibn Nabi
  • [5] Edward Said, L’Orientalisme, préface , Editions  Le Seuil, 2003.
  • [6] Artile: “De la cérémonie du dévoilement à Alger à Ni Putes ni Soumises : l’instrumentalisation coloniale et néocoloniale de la cause des femmes » Houria Boutelja, dans Imsi.net
  • [7] Cas du Royaume Uni en particulier.
  • [8] En France, sur une population de 5 millions d’élèves, 1250 portaient le voile et seules 150 représentaient des cas contentieux, la grande majorité ne suscitant aucun litige. La coexistence pacifique entre les enseignants et élèves portant le voile a été largement occultée par les grands médias, tandis que les quelques situations conflictuelles ont eu droit à une médiatisation excessive. Revue Nouvelles Questions Féminines, Editorial, « De l’affaire du voile à l’imbrication du sexisme et du racisme » Vol 25, N 1 / 2006.
  • [9] Il est à rappeler que lors du premier conflit en 1989 le Conseil d’Etat en France jugea que le port du voile islamique en tant qu’expression religieuse, dans un établissement scolaire public, était compatible avec la laïcité.
  • [10] Historien et sociologue, spécialiste de la sociologie des religions, seul membre de la commission Stasi à s’être abstenu sur le vote du rapport qui a permis l’élaboration de la loi antivoile.
  • [11]  Certaines féministes en France ont eu un autre regard sur la question notamment Christine Delphy, Françoise Gaspard, les organisations féministes comme « Les Sciences Potiches se rebellent »,le « Collectif des féministes pour l’égalité », « Femmes publiques » …ect
  • [12] NQF,Vol 25, numéro1, 2006
  • [13] Ceci devrait concerner les échanges entre les  systèmes éducatifs de part et d’autre de la méditerranée par exemple.

Par Asma Lamrabet

Barcelone, novembre 2007